[article du 23 juin 2006 sur http://avistaprima.com]

Le Chikunngunya identifié en haute Corse, faut-il s'alarmer ?
Les précautions à prendre face à ce fléau.

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La prefecture de haute Corse a annoncé l’identification de ce qui pourrait être un vecteur du Chikungunya. Les insectes porteurs de souche du virus auraient été repérés dans la région du sud de Bastia, entre Lupino et Montesoro.La principale recomandation consiste à combattre la reproduction et la prolifération des moustiques par élimination des gîtes larvaires d'eau stagnante par exemple les vases des cimetières, les bâches des piscines, tous les récipients abandonnés et les pneus entreposés à l'extérieur. Principalement recensé en Afrique noire et en Asie du sud, la virus avait déjà été identifié en Corse en 2002, ainsi que dans les Alpes françaises et Italiennes l’année dernière. De nombreuses régions de l’Océan Indien et des DOM-TOM français ont déjà subit de grosses épidémies ces deux dernières années. On se souvient de l’Île de la Réunion où plus de 4000 cas ont été recensé depuis mars 2005, ou encore Mayotte et plus de 6000 contamination depuis le début de l’année Cycle du virus Comme chez toutes les espèces de moustiques, uniquement la femelle est hématophage et donc capable de transmettre leChikungunya . Les mâles étant des suceurs de sève d'herbacées, ils sont donc démunis de pièces buccales capables de percer la peau des vertébrés. Cette capacité « vectorielle » de la femelle Aedes s’explique par une faculté à dupliquer le virus (et non pas la quantité de sang absorbé, bien insuffisante). Et contrairement aux idées reçues, ce n’est pas en absorbant le sang mais juste avant, en injectant un peu de salive anticoagulante dans un vaisseau sanguin de sa victime, que le moustique infecte l'hôte.

Un moustique s’infecte en effet en piquant un humain contaminé. Le sang traverse ensuite la frontière stomacale de l’animal pour passer dans ses glandes salivaires. La femelle devenue infectante le reste toute sa vie, soit environ un mois si elle ne croise pas sur son chemin l’humain muni de vaporisateur. Or, elle pique et pond tous les quatre jours environ. 7 à 8 transmissions par moustique sont donc envisageables. Une femelle Aedes pond environ 300 œufs au cours de son existence.

Les connaissances actuelles n’ont pas permis de trouver de cas de transmission verticale, c’est-à-dire que les œufs pondus par une femelle infectée ne sont a priori pas contaminés, contrairement à la dengue. Symptômes L’incubation de la maladie dure de quatre à sept jours en moyenne. La virémie, c’est-à-dire la période de présence du virus dans le sang et donc de transmission possible, s’étale sur environ cinq jours. Les anticorps se déclarent ensuite. Ils restent dans le sang. L’immunité est donc normalement acquise à vie.

Les premiers symptômes peuvent faire penser à une crise de paludisme. Selon l'OMS, le chikungunya est une forme de Dengue, bien que les autorités sanitaires de différents pays préfèrent éviter cette appellation afin de préserver le tourisme. La maladie se déclare généralement par une très forte fièvre, parfois au-delà des 40°, durant environ 3 jours. Cette fièvre est suivie d'un érythème et de courbatures très douloureuses, agissant principalement sur les articulations durant 5 jours ou plus.

Les douleurs articulaires peuvent persister ou réapparaître pendant plusieurs mois, notamment aux articulations fragilisées (anciennes entorses par exemple). Une attention particulière doit toutefois être portée aux personnes fragiles : les nourrissons dont les douleurs peuvent bloquer la mâchoire, les personnes agées, les alcooliques.